Sourire des Philippines

Sourire des Philippines

Dans la profondeur de leur peau sombre...

Vendredi 18 juin

 

Il n’y a rien qui ne me passionne plus que de comprendre et accompagner en vérité les personnes et les patients que je rencontre.

 

Ici, il y a bien des réactions qui me laissent perplexe…

 

Un long chemin de rédemption :

Mrs B. est une patiente que je visite régulièrement. Il y a dans toute la présentation des paradoxes, comme une grande maison en dur et en même temps un dénuement et un manque d’argent évident.

C’est Yolly, qui me raconte son histoire car à l’office il la connaisse et la suive depuis longtemps. Julie B. pendant un temps eut beaucoup d’argent. Son mari gérait une affaire de prostitution… Il fut abattu (il faut croire que les balles perdues ne sont pas si rares par ici!) et depuis l’argent se mit peu à peu à manquer. D’autant plus que Julie habituée à une vie facile, continuait à mener une vie extravagante ! Elle a 4 enfants, 3 garçons et 1 fille. Fut un temps où seuls ses enfants qui savaient gagner de l’argent avait un intérêt à ses yeux…

Puis vint le temps de la maladie et de la fragilité, on lui découvrit un cancer de l’utérus. A plusieurs reprises elle demanda de l’aide à l’office pour les traitements. En effet, elle continuait à avoir de temps à autre des comportements extravagants et le coût des traitements est très élevé.  La première fois, elle a demandé de l’aide à l’office, ils ont accepté à la condition d’aller à Davao, car une partie des traitements est gratuite. Cela  dépend des communes. L’office par contre l’assiste pour le transport jusqu’à Davao, environ 3h de transport (et dans l’esprit Philippin environ 80km). Mais arrivé à Davao, les membres d’ACIM Asia prévenus de son arrivée l’attendent sans succès… Julie est allée dans un hôpital privé.

Après l’opération, elle rentre chez elle. Les enfants sont écrasés de dettes pour payer les traitements.

Mais la maladie progresse… La vie de prière reste difficile et intermittente.

Malgré les conseils de Yolly, Mrs B. retourne à Davao pour un traitement de radiothérapie. Elle retourne dans un hôpital privé…

L’un de ses fils avec sa femme et ses enfants se sont installés dans la grande maison. Les réactions de son fils sont parfois difficiles à cerner. Mais je comprends que ce sont surtout les réactions d’un homme exaspéré et à bout de force devant les difficultés financières et les douleurs morales qui accable sa famille.

Peu à peu Julie, s’enfonce dans la prière.

Yolly me dit que tout est bénédiction, et pour Julie cette difficile maladie est une lente purification, une lente montée vers Dieu.

Maintenant quand tu verras Mrs B. tu pourras être heureuse pour elle…

 

Pauvreté et survie :

J’avais aussi été interpelée par de jolies et grandes églises blanches. Dans l’ensemble ici les églises ressemblent aux maisons avec juste un panneau indiquant le patronage du saint. C’est vrai qu’ici aussi, il y a de nombreuses sectes… J’ai pu voir de grandes églises au fronton desquelles est inscrit « Iglesia ni Christo » d’autres, Christ des derniers jours… Gretchen m’explique que dans certaines églises protestantes, ils donnent de l’argent pour attirer les pauvres…

 

Aujourd'hui, nous n'avons pas eu de "brown out"... L'électricité est d'origine hydraulique d'après ce qu'ils m'ont dit... Peut être y a-t-il eu assez d'eau dans la mer aujourd'hui? It's joke! Néanmoins, l'électricité ne résout pas tous les problèmes... Nous n'avons pas eu internet de la journée! La vie tournait un peu au ralenti à l'office... Et très chaud! Alors Yolly décide de mettre ses petites françaises au frais! Nous allons au centre commercial, car nous aurons l'air conditionné et le wifi! Enfin pour le wifi, il y a le temps d'étudier le dictionnaire entre l'affichage de 2 pages!

 

Samedi 19 Juin

 

Le samedi c'est calme... Il n'y a pas les haut-parleurs de l'école élémentaire voisine qui débite l'hymne national dès 7h du matin, ni l'agitation de tous les enfants qui vont à l'école. Enfin ça ne m'empêche pas de dormir... Je n'entends même pas Gretchen qui dort dans un petit lit à coté du mien se lever à 6h tous les jours! Oui pour les 6h du matin, je ne suis pas encore Philippine!

 

La terrible et universelle impuissance des soignants:

Après mes visites à l'hôpital gouvernemental, Yolly me raconte qu'elle a travaillé dans cet hôpital en tant que jeune diplômé.

Imaginez, une infirmière pour 60 patients! Oh, juste pour préciser, ici on ne va pas à l'hôpital pour un ongle cassé... Donc quand on dit 60 patients, c'est 40 dans un état critique et 5 de mourants!

Et voilà, que parmi ses 1ers patients on lui amène un jeune homme blessé par balle. Cet homme est molesté et giflé par la population qui l'amène, et à peine protégé par les vigiles. Il a tenté de braquer un jeepney. Mais un policier en civil s'est interposé et il y a eu une fusillade. Le  policier est mort, ainsi que plusieurs voyageurs du jeepney... Aucune famille ne se présentera pour aider cet homme qui se débat dans ses douleurs. Le chirurgien est prévenu, et consent à l'opérer mais l'anesthésiste ne veut pas... Money toujours money!

J'imagine facilement Yolly, courant dans tous les sens, pour essayer de trouver au moins des draps pour cet homme qui se débat... Le téléphone est à l'autre bout du service... Elle voudrait appeler un prêtre mais n'arrive pas à en faire venir un. Ce n'est jamais leur juridiction.

Au bout de 3 jours, un prêtre polonais vient, et le blessé accepte de se confesser, c'est une longue et pénible confession. Mais par la suite, le patient fut infiniment paisible!

Cet homme blessé, désespéré, abandonné de tous, a pu trouver la paix avant de mourir.

 

Le samedi matin, nous avons une messe basse lorsque l'abbé vient pour le WE.

Après la messe, je revois Jared avec sa maman qui sont là. Jared approche les 6 mois et il est tout petit, même s'il semble avoir un peu profité depuis la dernière fois. Il reste très jaune. Je l'envoie faire une prise de sang avec Shéril. Comme le laboratoire est fermé, elle l'emmène voir un médecin à l'hôpital. Il prescrit un bilan biologique complet et une échographie.

 

Nous accompagnons l'abbé Ghela déjeuner. Il s'entraîne à nous dire quelques mots en français... Nous déjeunons dans un restaurant chinois, il y a une importante communauté chinoise aux Philippines. Nous essayons la soupe de riz... C'est joli, c'est blanc! Mais ce n'est pas terrible!!!

 




18/06/2010
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