La mort ne se cache pas aux Philippines
Samedi 19 Mai
Nous partons en tricycle pour Alabel. Patrick conduit le tricycle et nous sommes 6, Justin, le frère de Marie Car, Judith, Gretchen, Marie Car et moi. Il fait nuit depuis longtemps, l'air est humide et avec la vitesse de notre bolide, nous aurions presque froid avec nos petits tee shirts de coton.
La maison de Mr V. est toute éclairée et une foule nombreuse se presse autour de la maison. L'un des cousins me reconnaît et il m'emmène à l'intérieur très fier en disant à tout le monde:"c'est doctora!"
La petite pièce est fortement éclairée par des lumières halogènes et un énorme cercueil blanc occupe une grande partie de la pièce. Mrs V. Lilibeth est effondrée, le visage baigné de larmes, des cernes profondes marquent son visage encore jeune.
Elle raconte à Judith et Marie Car que Mr V. a très bien dormi après notre visite. Il se sentait beaucoup mieux, il a même pu jouer avec ses enfants. Il demandait quand je reviendrai. Il a aussi eu de longues discussions avec sa femme. Elle était dans le refus absolu de le laisser s'en aller. Quand enfin elle a accepté de le laisser s'en aller, il s'est juste écoulé 2 jours. Au matin du 14 juin, il a joué avec ses enfants puis il a dit qu'il allait dormir un peu... Et il s'est endormi de son dernier souffle.
Nous prions avec elle pour le repos de l'âme de son mari.
Ici tout le monde défile devant le cercueil, les petits dans les bras des parents, les plus vieux... Tout le monde va dire adieu, à leur ami ou parent.
On nous sert des biscuits et du café... J'avoue que je ne peux rien avaler...
Dimanche 20 mai
Nous allons à l'inhumation du frère de Ma'am Rose. Cela se passe dans le cimetière chinois. Nous sommes en avance... Nous nous mettons à l'ombre... Je m'amuse à regarder les enfants jouer... Une paire de tongs suffit à les amuser pendant des heures, ils sont beaux comme tout! Et sur le côte, il y a un petit dans son "trotter" qui les regarde avec envie!!
Le fourgon qui fait office de corbillard arrive suivi par les proches tout en blanc. Yolly nous dit que les chinois portent le deuil en blanc.
Il y a un monde fou! Le cercueil ouvert est encore exposé, les gens défilent en déposant des petites fleurs, puis le cercueil est poussé dans la loge en béton qui l'attend. Nous prions pour le repos de l'âme du défunt. Nous saluons Ma'am Rose.
Ils nous servent des petits pains fourrés à la viande... et des jus de fruits.
Ici, ils ne cachent pas la mort dans les hôpitaux... ni les mourants. Comme m'explique Yolly, c'est totalement aberrant pour les Philippins de ne pas aller dire au revoir à leur ami, leur cousin...