Lendemains de typhon...
Mercredi 14 juillet 2010
Durant la nuit le bruit de la pluie est assourdissant sur le toit en tôle… Le vent est si fort qu'il fait entrer à l'intérieur des gouttelettes de pluie par tous les interstices du toit et des murs et cela fait concurrence aux gouttières !
L'électricité a sauté dans la soirée… Dans le noir, le bruit des éléments déchainés fait espérer avec une petite crampe à l'estomac que notre toit va rester sur nos têtes !
A mon réveil, dans la maison c'est encore calme, la pluie a cessé. Je vais avec Yolly jusqu'à la chapelle, les fruits sont tombés des arbres, les feuilles jonchent le sol, les bananiers gisent sur le sol, déracinés avec leurs feuilles déchiquetées… Tous les habitants s'affairent, grands et petits pour nettoyer. Bonjour Basuang ! C'est le 1er typhon de la saison des pluies !!!!
Les fruits s'amoncèlent dans la cuisine ! Il faut bien qu'il y ait quelques avantages !
Je soigne un couple avec leur fils de 9 ans, ils ont 13 enfants !!! Puis nous partons avec Maricel, Greg nous emmène sur sa mobylette ! Nous allons jusqu'à la zone de relogement des familles pauvres qui ont tout perdu après le typhon Ondoyle de septembre, pour évaluer les besoins médicaux. Tous 3 sur la mobylette nous traversons la province dévastée… Partout sur la route, les feuilles jonchent la route, les arbres aussi… En divers endroits les villageois sont au travail pour déblayer… En un endroit c'est l'armée qui enlève un arbre énorme qui est tombé au milieu de la route.
Après les petites routes, nous empruntons des chemins en terre. Ça monte, tout est boueux alors quand la mobylette commence à glisser nous descendons pour laisser Greg manœuvrer. Mais il nous faut l'aval de la municipalité, qui a relogé tout ce monde !
Nous retournons à la mairie de Tanay, j'explique le but de notre visite. Heureusement Ma'am Sheril l'une des travailleuses sociales nous assiste dans les différentes démarches. Nous finissons par arriver dans le camp de logement avec des employés de la mairie pour nous assister. Je fais le tour des différents blocs de maison pour discuter avec les mères de familles… Le principal fléau du camp, ce sont les criquets ! De gros criquets longs comme le doigt, infestent le camp et piquent les chevilles des habitants qui ne les voient pas dans le noir de leur maison. Et oui, il n'y a pas l'électricité dans le camp ! Les chevilles portent les marques purulentes de leurs piqûres ! Les enfants sont les plus touchés, entres autres de nombreux enfants ont le cuir chevelu boursoufflé de furoncles…
Nous faisons le tour des différents blocs d'habitation. Dans l'ensemble les petites maisons de bambou ont résisté, par contre la vingtaine de tente qui abritaient une quarantaine de famille se sont envolées !
Il y a dans cette région environ une dizaine de typhon qui ravage la région pendant la saison des pluies…
Jeudi 15 Juillet
Ni eau, ni électricité… !
Ce sont les plus petits qui font des allers retours depuis le puit jusque dans la cuisine…
Je poursuis mes consultations… Ma dernière patiente s'appelle Aurélia, elle a un joli sourire… Elle habite au bord de la lagune. Ce qui représente de nombreuses heures de marche. Elle est vendeuse ambulante, elle a entendu parler de moi… et elle s'est arrêtée.
Dans l'après midi nous réalisons des Yemas avec Maricel.
Petite
aparté pour les amateurs de yaourt, ici ça n’existe pas ! Je n’ai vu que
des boites de lait concentré ou condensé…
Quand dans
la soirée, enfin les lumières de la maison se rallument, c’est la fête !!!
Le diner aux chandelles, on finit pas s’en lasser !!!
Vendredi 16 juillet
Dès 6h, je
me réveille ; avec Yolly et Paulita, nous partons visiter le village de
Mahangay. Nous prenons le jeepney et nous nous enfonçons dans l’intérieur des
terres montagneuses. Les paysages sont magnifiques, avec la vue qui se perd
jusque dans la lagune… Nous restons en haut de la colline pour discuter avec le
contact local de Paulita. Il n’est pas possible de descendre dans la vallée car
l’endroit est infesté de rebelle. Yolly me traduit que dans la valle, ce sont
principalement des autochtones qui y vivent. Ils sont reconnaissables car ils
ont la peau plus foncée, les cheveux bouclés et leurs dents sont rouges !
En fait ils ont les dents teintées à force de mastiquer certaines racines !
Il n’est pas possible d’amener un médecin ici, mais nous aimerions organiser un
transport pour les autochtones.
Nous
rentrons en jeepney mais il est difficile d’en trouver un… Donc nous marchons…
De retour à
Sampaloc, le petit déjeuner s’impose avant de continuer mes consultations…Des
grand mères m’amènent leurs petits enfants. Puis je vais avec l’une d’elle
visiter l’ancêtre qui ne peut pas marcher… Une fracture de cheville soudée en
position vicieuse l’empêche de se servir de l’une de ses jambes. Elle est
contente d’avoir notre visite.